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  • Bastien & Scapin : les critères ergonomiques qui boostent l’UX design

    Bastien & Scapin : les critères ergonomiques qui boostent l’UX design

    Cet article fait partie de la série Les grands noms de l’UX design, dédiée aux figures majeures qui ont marqué l’histoire de l’expérience utilisateur. Pour découvrir les autres portraits, rendez-vous dans la catégorie correspondante sur mon blog.

    Bastien & Scapin : les pionniers de l’ergonomie digitale

    Jean Bastien et Dominique Scapin ne sont pas juste des noms dans un PDF de formation UX — ce sont les architectes d’une méthode qui a transformé la manière dont on conçoit les interfaces. Chercheurs à l’INRIA, ils ont publié en 1993 une grille d’évaluation ergonomique qui reste aujourd’hui une référence incontournable dans les audits UX, les formations, et les projets digitaux.

    Leur force ? Avoir su formaliser ce que beaucoup ressentaient intuitivement : une interface, ça se pense, ça se structure, et ça s’évalue. Grâce à eux, l’ergonomie est passée du flou artistique à une discipline rigoureuse, accessible et actionnable.

    Leur parcours et leurs accomplissements

    • Christian Bastien est chercheur en psychologie cognitive appliquée à l’ergonomie. Il a travaillé sur la conception d’interfaces centrées utilisateur et sur les méthodes d’évaluation de l’utilisabilité.
    • Dominique Scapin est expert en ergonomie cognitive et en interaction homme-machine (IHM). Il a dirigé des recherches à l’INRIA sur la modélisation des interactions et la conception d’interfaces intelligentes.

    Leur contribution majeure : les critères ergonomiques (1993)

    • Publiés dans le rapport « Critères Ergonomiques pour l’Évaluation d’Interfaces Utilisateurs », ces critères ont été conçus pour évaluer l’utilisabilité des interfaces sans avoir besoin de tests utilisateurs.
    • Leur grille est composée de 8 grands critères et 18 sous-critères, couvrant des dimensions comme le guidage, la gestion des erreurs, la compatibilité, etc.

    Autres accomplissements notables

    • En 1997, ils ont réalisé une synthèse de plus de 900 recommandations en ergonomie, un travail colossal qui a permis de structurer les bonnes pratiques en conception d’IHM.
    • Leur approche est toujours enseignée dans les formations UX francophones, notamment dans les secteurs publics et institutionnels où leur grille est souvent préférée à celle de Nielsen pour sa précision et son adaptabilité culturelle.

    Héritage

    • Leur travail a permis de formaliser l’ergonomie cognitive comme une discipline rigoureuse, accessible et applicable à tous types d’interfaces : web, mobile, logiciels métiers, bornes interactives…
    • Ils ont influencé des générations de designers, ergonomes et chercheurs, en posant les bases d’une évaluation experte qui reste pertinente plus de 30 ans après sa création.

    Sources : Rapport INRIA 1993 « Critères Ergonomiques pour l’Évaluation d’Interfaces Utilisateurs », Synthèse INRIA 1997 sur les recommandations ergonomiques, publications de Christian Bastien et Dominique Scapin sur l’ergonomie cognitive et l’IHM.

    Pourquoi ces critères sont incontournables

    L’UX design francophone s’appuie sur des fondations solides, et les critères ergonomiques de Bastien & Scapin en sont les piliers. Indispensables pour auditer, concevoir et améliorer les interfaces, ils permettent d’évaluer la qualité d’un site ou d’une application selon des dimensions précises. Voici pourquoi ils méritent une place de choix sur votre radar UX.

    Une méthode née d’un besoin concret

    À l’époque où l’ergonomie devenait cruciale pour les projets digitaux, Bastien & Scapin ont proposé une méthode claire, reproductible et accessible. Leur objectif : structurer l’analyse des interfaces pour tous les acteurs du design.

    Les 8 critères qui font la différence

    Guidage : Menus clairs, messages explicites, feedbacks efficaces — l’utilisateur ne doit jamais se sentir perdu. Exemple : un bouton « retour » visible et un message de confirmation après une action.

    Charge de travail : Moins d’efforts pour naviguer, saisir ou mémoriser = meilleure expérience. Exemple : formulaire pré-rempli ou suggestions automatiques lors de la saisie.

    Contrôle explicite : L’utilisateur garde la main : valider, annuler, choisir, c’est lui qui décide. Exemple : possibilité d’annuler une commande ou de modifier ses préférences.

    Adaptabilité : Personnalisation et flexibilité pour répondre aux besoins de chacun. Exemple : interface qui s’adapte à la langue ou au niveau d’expertise de l’utilisateur.

    Gestion des erreurs : Prévenir, détecter, corriger — avec des aides claires et accessibles. Exemple : message d’erreur explicite et lien vers une solution ou une aide contextuelle.

    Homogénéité / Cohérence : Des éléments uniformes pour éviter la confusion et renforcer la fluidité. Exemple : mêmes couleurs et icônes pour les mêmes actions sur toutes les pages.

    Signifiance des codes : Icônes, couleurs, termes — tout doit être clair et parlant. Exemple : une icône de poubelle pour supprimer, une couleur rouge pour alerter.

    Compatibilité : L’interface doit coller aux attentes, habitudes et contexte de l’utilisateur. Exemple : navigation adaptée aux standards du web ou aux usages mobiles.

    Comment les appliquer dans vos projets UX

    En audit, ces critères révèlent les failles d’une interface et orientent les améliorations. On les retrouve dans les cahiers des charges, les tests utilisateurs et les formations. Leur pertinence est particulièrement forte dans les projets francophones, publics ou institutionnels.

    Chaque critère ergonomique de Bastien & Scapin sera présenté et analysé en détail dans un article dédié. Vous découvrirez pour chaque critère :

      – Sa définition et son importance en UX

      – Des exemples concrets d’application

      – Des conseils pour l’auditer efficacement sur vos interfaces

    Cette série vise à fournir une grille d’audit pratique et pédagogique, adaptée aux besoins des designers, développeurs et chefs de projet. Pour ne rien manquer, consultez régulièrement la catégorie « Les grands noms de l’UX design » sur le blog.

    Bastien & Scapin vs Nielsen : deux approches complémentaires

    Plus précis et adaptés au contexte français, les critères de Bastien & Scapin complètent les heuristiques internationales (Nielsen, Shneiderman, ISO 9241) pour une évaluation UX vraiment complète.

  • Le Triangle de Pertinence : Transformer l’Observation en Action Stratégique

    Le Triangle de Pertinence : Transformer l’Observation en Action Stratégique

    Trop d’infos, pas assez d’action

    Dans le marketing digital, la veille ou la création de persona, un problème revient toujours : la masse d’informations.
    Résultat : les décisions deviennent floues.

    Comment trier ces données ? Comment savoir lesquelles méritent vraiment d’être transformées en actions concrètes ?

    C’est pour répondre à cette question que j’ai créé le Triangle de Pertinence. Un outil simple, inspiré de mes retours de terrain, pour transformer la profusion d’observations en décisions claires et utiles.

    Pourquoi avez-vous besoin du Triangle de Pertinence ?

    Chaque jour, vous collectez des informations : retours clients, résultats d’étude, feedbacks utilisateurs, données de veille.
    Le problème, c’est qu’elles s’accumulent. Sans méthode, elles se transforment en bruit.

    Le Triangle de Pertinence sert de boussole stratégique. Il vous aide à filtrer, hiérarchiser et ne garder que les observations réellement actionnables.

    Les objectifs du modèle

    • Structurer la réflexion à partir des besoins utilisateurs
    • Filtrer pour ne retenir que ce qui est utile
    • Faciliter la prise de décision marketing

    Le Triangle de Pertinence et ses fondations

    illustration des trois pôle du triangle de pertinence : utilité utilisabilité et satisfaction

    Le modèle repose sur une norme internationale : l’ISO 9241-11:2018.
    Cette norme définit trois dimensions essentielles de l’expérience utilisateur :

    • Utilité : est-ce que cela répond à un besoin réel ?
    • Utilisabilité : est-ce que l’action est simple et efficace à réaliser ?
    • Satisfaction : est-ce que l’utilisateur en retire une expérience agréable et positive ?

    Ces trois critères sont les pôles du Triangle de Pertinence. Ensemble, ils offrent une grille d’analyse pour évaluer la valeur de chaque observation.

    Comment appliquer le Triangle en 3 étapes ?

    1. Centralisez vos données

    Rassemblez les résultats de veille, retours clients, études utilisateurs, ou analyses concurrentielles.

    2. Transformez-les en observations écrites

    Formulez chaque observation sous forme claire et actionnable. Utilisez des verbes précis, explicitez le besoin, l’action possible et le bénéfice attendu.

    Exemple :

    « Déployer une FAQ interactive pour répondre aux questions et rassurer l’utilisateur sur ses attentes. »

    3. Vérifiez sa place dans le Triangle

    Demandez-vous : mon observation coche-t-elle les trois cases du Triangle (utilité, utilisabilité, satisfaction) ?
    Si oui, elle est légitime dans votre stratégie marketing.

    Comment bien formuler une observation pertinente ?

    La qualité d’une observation dépend de sa formulation. Comme le modèle SMART, le Triangle gagne en efficacité si vous utilisez des verbes d’action et des mots précis.

    Exemple :

    « Déployer une FAQ interactive au bon emplacement du site pour répondre aux questions et rassurer l’utilisateur. »

    Dans cet exemple :

    • « Déployer » traduit l’utilisabilité (action claire et réalisable)
    • « Répondre » exprime l’utilité (satisfaire un besoin)
    • « Rassurer » traduit la satisfaction (apaiser, donner confiance)

    Une observation pertinente doit toujours être : utile, utilisable et satisfaisante.

    Pourquoi avoir créé cette méthode ?

    En tant que formateur et consultant, je cherchais un outil simple pour mes étudiants et mes clients.
    Un outil capable de faire le pont entre deux univers :

    • UX Design : centré sur le ressenti et la praticité
    • Stratégie marketing : centrée sur l’efficacité et l’action

    Le Triangle de Pertinence combine ces deux logiques. Il transforme l’information brute en décisions exploitables et claires.

    Un outil UX et pédagogique

    Le Triangle de Pertinence n’est pas qu’un outil d’analyse. C’est aussi un support pédagogique puissant.
    Il aide à structurer la pensée, à prioriser et à rendre les choix stratégiques plus compréhensibles.